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Interview d'hadja Lahbib
Hadja Lahbib est entourée de ces femmes arrivées il y a une cinquantaine d’années en Belgique dont elle dresse le portrait, à qui elle donne la parole et les suit dans leur quête de liberté et de prise en main de leur propre vie, à 60 ans et plus. Une manière d’état des lieux de l’immigration marocaine avec, en mémoire, le document de Mehrdad Taghian et Khiti Benhachem réalisé en 2004 à l’occasion des 40 ans de l’immigration marocaine pour l’émission " 1001 cultures ".
Les héroïnes du work in progress de Hadja Lahbib s'appellent Mey, Ourdia, Hamida, Naziha, Rahma, Tleitmess, Tamanant et... Tata Milouda. Elles ont suivi docilement leur mari parti chercher du travail en Belgique, sans avoir leur mot à dire. Certaines les ont rejoints après des années d’attente au Maroc, avec un ou deux enfants, les aînés de ceux qui allaient naître ensuite ici… Les années ont passé. Les enfants sont devenus grands, ont eu des enfants à leur tour. Les maris, souvent atteints de maladies graves liées au travail de la mine ou du bâtiment, sont morts avant elles, et l’idée d’un retour pour toujours sur la terre de leurs ancêtres, au Maroc, s’est éloignée de plus en plus. Elles sont là, en Belgique, seules et personne n’avait prévu cela !… Celles qui n’ont jamais rien dit, celles qui ont toujours suivi n’ont qu’un choix aujourd’hui : se prendre en main, devenir libres, enfin.